Trois parcs méconnus entre Dore et Allier

Fontenille, chez Dominique et Vincent Finet

C’est en milieu de matinée que Vincent et Dominique Finet nous accueillent à Fontenille, grand domaine aux portes mêmes de Lezoux dont les différents propriétaires ont façonné le parc et dessiné le jardin à la française. Nous sommes en fait dans une partie de l’ancien fief de Fontenille dont il ne reste que les ruines du château féodal démoli à la Révolution. Cet ensemble appartenait à la famille Ribeyre puis est passé chez les Chazerat, derniers Intendants d’Auvergne.

Les adhérents, accompagnés pour certains de quelques amis, dont des membres de la famille Rousselon, venus en nombre, anciens propriétaires des lieux au milieu du siècle dernier. On se regroupe autour d’un café et les viennoiseries circulent parmi cette petite foule très animée. Les conversations vont bon train alors que nous pénétrons dans le parc en traversant un petit bois très romantique qui débouche sur une allée longeant un canal, premier élément visible d’un subtil réseau hydraulique qui prend naissance à l’étang de Lisle, plus loin en amont, traversant d’autres propriétés, jouant avec la faible déclivité du secteur avant d’alimenter les étangs de Fontenille.

Plus loin, dans un pré, au détour d’un gros bouquet de grands bambous aux troncs d’un beau jaune lumineux, des chevaux (la passion de Dominique) s’étonnent de tant de visiteurs, s’ébrouent, puis sans crier gare partent au galop jusqu’à ce que le plus hardi saute la barrière. Beau spectacle !

Nous gagnons alors le coeur de la propriété, un jardin dans le parc pourrait-on dire, création des années 1960 que nous découvrons en quittant les couverts. Une belle pelouse entrecoupée d’allées et agrémentée de rosiers donne le recul adéquat pour apprécier l’architecture de cette grande demeure construite par Camille Dumas en 1880 dans le style Napoléon III. Une haie au profil recherché, jouxte un bassin bordé d’un bouquet de rhododendrons et, sur l’un des côtés de cet ensemble, des charmilles taillées en topiaires (des « brioches » dans la tradition familiale) soulignent d’une courbe harmonieuse la lisière du bois où l’on compte quelques beaux spécimens de conifères, Abiès pectinata, Epicéa omoriKa, Araucaria, Sequoiadendron giganteum wellingtonia…
Nous terminons la visite par l’orangerie qui s’est vue adjoindre des serres à la fin du siècle dernier pour abriter une collection d’orchidées avant l’arrivée des Finet. L’ancien potager a cédé en grande partie la place à un verger et à des massifs floraux qui donnent la touche finale à ce parcours assez éclectique.

 

 

 

Pasmoulet, chez Bernadette et Bernard Reveret

Après un court trajet nous arrivons à Pasmoulet (le pas du mulet) où nous attendent Bernadette et Bernard Reveret à l’heure de l’apéritif, agrémenté de pizzas gourmandes préparées par le maître de maison.

Chacun s’installe dans la grande salle des annexes ou sous une longue tente prévue pour nous protéger des orages qui, finalement, le temps s’étant mis au beau, fournira une ombre bienfaisante pendant le déjeuner. Les « plats préférés » préparés par les adhérents ayant comblé les convives, la machine à café, pièce maîtresse des bagages de campagne du CPJA, ayant fait son office, la visite peut commencer.

Nous faisons cercle autour de Bernadette Reveret qui nous raconte l’histoire de cette propriété, à l’abandon lors de son acquisition. C’est Henri Tassin de Montaigu, industriel ayant fait fortune en Argentine en mettant au point des machines à filer le coton, qui fera construire cette villégiature d’agrément dans la deuxième moitié du XIXème, face au château de Barante, pour y séjourner aux beaux jours avec son épouse Marie de Barante, qui, ainsi, ne se sentira pas trop coupée de sa famille.

En parcourant la partie haute de la propriété, vaste pelouse de plus de cinq hectares entretenus avec soin, on découvre ce parc à perte de vue qui offre de très belles perspectives sur Thiers, les Bois Noirs et le puy de Montoncel (1287m), point de rencontre des départements du Puy de Dôme, de l’Allier et de la Loire. Sur ces grands espaces des chênes centenaires dressent leurs silhouettes majestueuses et bravent les intempéries qui, hélas, ont parfois raison de leur témérité.

 

Au-delà, la prairie glisse vers un vallon et accompagne le regard jusqu’à l’imposante partie boisée de la propriété. À une tout autre échelle, voici une foisonnante cressonnière alimentée par une source située à trois kilomètres et les Reveret, qui ne manquent pas de projets, nous parlent du déplacement de l’étang actuel qui sera remplacé sous peu par un bassin recevant les eaux de cette source via une cascade et un canal à créer.Pour « tenir » ces grands espaces, Bernard Reveret s’est équipé comme un vrai pro : tracteurs, nacelle pour l’élagage, tractopelle et une ingénieuse « herse » pour désherber les allées dont il a assuré la mise au point pour avoir un outil à sa main. Chapeau !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Gagère, chez Sylviane et Patrick Guillaumont

Nous rejoignons La Gagère par de charmantes petite routes qui s’étirent à travers une campagne paisible restée à l’écart des remembrements des années 1960/70. Les étangs alternent avec de simples trous d’eau, bordés d’immenses peupliers ou d’aulnes glutineux, une harmonie toute naturelle… Mais au détour d’un bosquet voilà que La Gagère apparait à la fois imprévisible mais néanmoins comme attendue dans cette prairie couvée par les bois qui l’entourent.

Notre groupe se rassemble dans la cour d’honneur où Patrick Guillaumont nous souhaite la bienvenue dans cette « maison de campagne » construite dans la première moitié du XIXème dans le style Directoire, sur les bases d’une habitation plus ancienne.
On la doit au Marquis de Pierre, député du Puy de Dôme, qui a épousé Marie Onslow, issue d’une famille aristocratique anglaise arrivée en France avant la Révolution. Cette propriété a été un lieu vibrant des plaisirs et fêtes mondaines pour la bonne société de l’époque.

Tout le charme de La Gagère tient à cette subtile partition entre les étendues boisées du parc et la prairie qui s’ouvre largement au sud pour se fondre dans le bocage.

 

 

On doit sans doute cette beauté champêtre d’une grande simplicité mais d’un équilibre presque parfait aux influences romantiques du moment mais aussi à sa belle-soeur Caroline Onslow qui a probablement apporté dans ses bagages un peu du génie du grand Capability Brown, disparu depuis longtemps, mais qui a marqué des générations d’amateurs de jardins en Angleterre et sur le Continent. Caroline donnera d’ailleurs son nom à cette clairière romantique à souhait, agrémentée d’une pièce d’eau et d’une jolie gloriette où l’on peut imaginer des rencontres galantes ou quelques amours cachées…
Le soleil est encore de la partie, l’ombre bienvenue des grands chênes abrite le pot de l’amitié qui sera aussi celui du départ. La Gagère est en beauté, elle a gardé tout son attrait d’antan, baignée d’une lumière déjà rasante dans cet écrin de verdure si accueillant et apaisant.